Culture en buttes
Annie nous a envoyé une photo du Mali qui nous montre cette culture.
Une grande profondeur de terre arable permet aux racines de se développer verticalement, et permettrai donc de planter un peu plus serré qu’en potager traditionnel (mais ce qui n’est pas le cas ici) tout en respectant l’alternance des cultures.
La butte étant située en hauteur, les éventuelles inondations ne concerneront que les allées, et la terre des buttes sera particulièrement bien drainée. En revanche, en période de sécheresse, l’infiltration des précipitations se fait au niveau des allées, ce qui permet à la butte d’être mieux irriguée en profondeur. Ceci permet aux racines des plantes de se développer autant que possible.
Gestion d’un jardin sans produits chimiques
Si les Romains avaient déjà inventé le double vitrage, l’homme médiéval valorisait les déchets d’origine organique et végétale, sans oublier de gérer l’eau de pluie. Pour sa subsistance, il utilisait la plupart des ressources naturelles sans les épuiser et sans polluer le sol.
Aujourd’hui, nos décharges souffrent cruellement du manque de tri sélectif pendant que certaines sécheresses menacent, en alternance avec de fortes pluviométries générant érosions des berges et inondations. Les produits chimiques ont une réputation médiocre et la valeur de l’eau douce ne cesse d’augmenter…
Commençons par le composteur. Véritable système vivant, le résultat du compostage restitue les 5% d’humus dont les plantes dépendent pour une croissance harmonieuse. Pour obtenir au bout d’un an ce terreau local de bonne qualité, vous mélangerez sans tasser vos déchets de cuisine (tout, excepté les carcasses et certains fruits exotiques acides comme les agrumes ou l’ananas), avec vos déchets de jardin, (plantes sauvages, tonte, taille des haies de feuillus). Continuons avec la pluie. Grâce à une dérivation simple du réseau d’eau de pluie vers une cuve munie d’une évacuation du surplus vers le réseau initial, vous pouvez selon la taille du ou des récupérateurs, fabriquer par « mauvais temps » jusqu’à un ou deux mille litres d’eau, sans chlore, en une demi-journée. Terminons avec le paillage. Il s’agit de la méthode anti-extrême. Dans une même saison, avec notre climat en mutation, nous observons souvent des pics de chaleur, de sècheresse, d’humidité et de froid.
Telle une couverture isolante, une couche de 10 cm de paillage, permet pendant un ou deux ans :
- de limiter l’arrosage de 70% par temps sec
- de garder un sol frais par temps chaud
- d’absorber l’eau en excès par temps trop pluvieux
- d’isoler le sol d’un gel excessif
- de contenir la prolifération des plantes sauvages
- de créer une symbiose mycorhizienne protégeant les racines des attaques pathogènes
- de fabriquer par l’intermédiaire du mycélium, de la microfaune et des lombrics, un humus déjà en place pour un sol tendre régénéré.
Le paillage correspond en fait à une excellente synthèse entre la récupération d’eau et le compostage, avec une charge d’intervention en moins. Le paillage le plus répandu est le BRF (Bois Raméal Fragmenté). Les rameaux de feuillus sont broyés par une entreprise et le BRF est vendu par m3. Le paillage BRF correspond au meilleur. Or, sa production a un coût et la ressource n’est pas illimitée.
Par contre, en complément, un jardin permet d’obtenir un paillage local toute l’année, afin de jeter le moins possible de déchets végétaux sur le trottoir. Avec une paire de gants en cuir, un sécateur de qualité et éventuellement un broyeur, la boucle est bouclée et le sol régénéré, le but étant de restituer au sol du jardin l’humus oublié de la forêt, en paillant avec des feuilles mortes, des herbes folles et diverses feuillus découpés en bâtonnets de 10 cm (lierre, ronce, sureau, troène, charmille, buddleia, etc…).
Pour conclure, le but de l’opération consiste donc à fabriquer un jardin en autosuffisance, en devenant un champion discret des filières courtes, le tout en économisant vos deniers et votre temps libre. Avec moins d’interventions en amont, vous obtenez en aval, plus de microfaune et de faune, des végétaux en bonne santé exempts de traitements lourds et enfin la satisfaction de devenir le chef d’orchestre d’un jardin vivant. Avec ces trois méthodes simples et peu onéreuses, vous devenez acteur de la valorisation de deux ressources essentielles en récession, l’humus et l’eau, que l’on doit économiser.
Stéphane Loriot : voir sa vidéo
Nourrir, travailler et protéger naturellement sa terre
Le sol est un milieu vivant dans lequel interviennent de nombreux organismes. Les respecter en appliquant des techniques douces de travail de la terre, puis nourrir celle-ci et la protéger pour éviter son épuisement permet de conserver durablement le potentiel fertile de son jardin.
1er principe : nourrir la terre
En automne : apport de compost (améliore la structure du sol, rend la terre plus aérée, plus meuble et plus fertile), de fumier et d’un terreau de feuilles
Bénéfices d’un apport naturel :
- Le sol devient plus meuble car la matière organique allège sa texture.
- Les micro-organismes et les vers sont présents en plus grand nombre, décompactant la terre de façon naturelle.
- Les sols poreux retiennent davantage l’eau, et les sols argileux la laissent mieux s’écouler.
- Les plantes offrent une meilleure résistance aux parasites et aux maladies éventuels.
2e principe : ameublir le sol
- Permet de le mettre en meilleure condition pour accueillir les plantes. Dans une terre bien aérée, les racines se développent en effet plus vigoureusement.
- Pour ameublir le sol, nous ne bêcherons pas, nous utiliserons une fourche biologique : la grelinette.
- Le bêchage retourne le sol en profondeur et détruit beaucoup d’organismes vivants qui lui sont utiles. Il fait remonter à la surface les graines d’herbes spontanées qui germeront et su’il faudra ensuite combattre. Le bêchage s’avère utile dans les terres soit très compacte, soit très pauvres (on profite de l’opération pour enfouir les engrais qui leur sont nécessaires).
3e principe : pailler pour protéger durablement
- Fragile, le sol nu s’érode sous l’action des pluies et s’assèche très vite quand il fit chaud. Couvert d’un paillis, il est en revanche protégé de l’érosion et de l’assèchement rapide, ce qui entraîne des économies d’engrais et d’arrosage. Epandu en couche épaisse (10 cm) le paillis limite aussi le désherbage : il empêche la repousse des mauvaises herbes, incapables de germer au-dessous.
- Paillis organique : broyat d’écorces, de coupes de bois, déchets de taille des haies ou d’arbustes… (le broyat grossier peut couvrir les allées du jardin). Il se décompose au fil des mois en enrichissant la terre. Le paillis peut se limiter à une simple couche de feuilles mortes, lesquelles se décomposeront pendant l’hiver en apportant aussi au sol des éléments nutritifs.
NE JAMAIS LAISSER LA TERRE NUE
C’est l’un des grand principes du jardinage écologique. Sans paillis, il faut lui offrir un manteau végétal sur les planches potagères au repos (engrais verts : phacélie ou moutarde) qui sera enfoui dans le sol ultérieurement.